PARIS (Reuters) - Laure Manaudou, la nageuse française la plus titrée de l'histoire, souhaite renouer avec la compétition dans la perspective des Jeux olympiques de Londres l'an prochain.
La nageuse, qui aura 25 ans en octobre, a annoncé sa retraite en septembre 2009 et donné naissance à une fille, après des performances décevantes aux Jeux olympiques de Pékin.
"Je voulais vous dire que, oui, l'envie est revenue de reprendre la compétition. Rien n'est programmé pour l'instant, j'ai besoin de temps", a-t-elle déclaré au Journal du Dimanche.
"Je n'ai pas encore le niveau des championnats du monde. Mais je vais y travailler."
Priée de dire si son objectif était de revenir au plus haut niveau pour Londres, Manaudou a répondu : "Tout nageur qui a connu les Jeux a envie d'y retourner, bien sûr. Mais c'est encore loin. Il faudra d'abord que je me qualifie. Je vais attendre de voir où j'en suis dans les trois prochains mois avant de prétendre à quoi que ce soit."
Laure Manaudou est devenue championne olympique du 400 m nage libre en 2004 à Athènes, où elle a décroché deux autres médailles. Elle a également détenu plusieurs records du monde, du 200 m au 1.500 m.
Depuis quelques mois, elle s'entraîne à Auburn, aux Etats-Unis, sous la direction de l'entraîneur australien Brett Hawke et aux côtés de son compagnon Frédérick Bousquet, vice-champion du monde du 50 m nage libre.
UNE LONGUE RÉFLEXION
Ce dernier a insisté dimanche sur la longue réflexion de sa compagne qui a abouti à son retour. "Elle a mûri sa décision, qui est tout sauf précipitée. Je la sens heureuse, c'est l'essentiel."
"Elle a fait de grandes choses, mais cela peut prendre du temps avant qu'elle les refasse", a ajouté Bousquet.
Le frère cadet de Manaudou, Florent, spécialiste du papillon, a dit lui aussi sa joie, tout en mesurant la tâche qui attend sa soeur.
"Je suis content qu'elle revienne. Je l'ai vue à l'entraînement et je l'ai trouvée bien dans l'eau. Maintenant, la compétition, c'est autre chose", a-t-il souligné.
L'annonce de cette tentative de retour intervient à quelques jours de la fin la période probatoire de neuf mois fixée par la Fédération internationale (Fina) pour tout nageur désirant reprendre la compétition.
Conformément au programme anti-dopage de la Fina, tout athlète, après avoir envoyé une lettre d'intention de retour dans les bassins, doit se conformer pendant cette période à un programme strict en matière de soins et d'alimentation. Pour la Française, ce délai expire le 5 juillet.
COMME IAN THORPE
Avant Manaudou, un autre grand nageur de la dernière décennie, le quintuple champion olympique australien Ian Thorpe, a lui aussi repris le chemin des bassins après quatre ans d'arrêt, et vise également les Jeux de Londres, de même que sa compatriote Libby Trickett, triple championne olympique.
Ce week-end, Laure Manaudou a passé une grande partie de son temps avec les nageurs engagés à l'Open de Paris, alignant même quelques longueurs de bassin sous l'oeil de Brett Hawke et discutant avec plusieurs membres de l'équipe de France.
Son ancien entraîneur Philippe Lucas, avec lequel Manaudou a connu ses plus grands succès, se félicite de la tentative de retour de son ancienne protégée.
"C'est une bonne chose pour le sport français. Elle n'avait pas fini son histoire, elle avait encore des choses à prouver", a-t-il dit aux journalistes en marge de l'Open de Paris.
Philippe Lucas, qui entraîne désormais l'Italienne Federica Pellegrini, naguère grande rivale de Manoudou, juge le pari risqué, mais jouable.
"La sélection pour les Jeux est à la mi-mars, cela va venir très vite. C'est maintenant qu'il faut beaucoup travailler. C'est un véritable contre-la-montre, mais elle est capable de le gagner", dit-il.
Philippe Lucas refuse cependant de se prononcer sur les chances de Manaudou de retrouver le plus haut niveau. "Je ne peux pas répondre à cette question, je ne l'entraîne plus. Mais si elle revient, elle peut être très forte", ajoute-t-il.
Edité par Clément Guillou